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Il y a 50 ans ressuscitait le Vasa, galion oublié au fond de la Baltique


"On a d'abord vu une petite tête en bois sculpté émerger de l'eau, puis une seconde. C'était un spectacle fantastique", se souvient le capitaine de vaisseau Jarl Ellsén qui, le 24 avril 1961, était aux avant-postes.
Lentement, le Vasa, fleuron de la marine de guerre suédoise, est hissé du fond de la Baltique où il reposait depuis près de trois siècles après son lamentable naufrage.
La foule se presse à Stockholm sur les berges. Quelque cent millions d'auditeurs et de téléspectateurs dans le monde suivent l'évènement en direct.
"C'était un moment très excitant. Il est sorti lentement parce qu'il ne fallait pas le briser", explique Jarl Ellsén, à l'époque porte-parole de la marine suédoise maintenant âgé de 90 ans.
Le dimanche 10 août 1628, en fin d'après-midi, le Vasa largue les amarres en grande pompe devant le palais royal de Stockholm. Il tire une salve de canon. Toutes voiles dehors, il appareille pour son premier voyage. Il sera bref. Un fort coup de vent, une fausse manoeuvre, le navire gîte fortement. L'eau s'engouffre par les sabords. Le Vasa chavire et coule dans le port de Stockholm. Il n'aura parcouru qu'un kilomètre.
C'était un "fiasco historique" assure Marika Hedin, historienne et directrice du Musée Vasa.
Mais, dit-elle, avec l' "exploit" de renflouer quasi intact ce navire de 69 mètres et 1.250 tonnes, le fiasco s'est converti en "un symbole de la Suède moderne": la première récupération sous-marine d'un aussi grand bateau.
"C'était un projet complètement fou!", admet Marika Hedin, car au moment de l'entreprendre personne ne savait si ce serait possible, ni combien cela coûterait, ni même si le Vasa sortirait entier.
Nécessité de redorer l'image de la Suède? "Ce besoin, dit-elle, se faisait sentir" chez nombre de militaires dont certains considéraient comme "une lâcheté" le non-engagement de la Suède pendant la Seconde guerre mondiale.
La deuxième vie du Vasa débute dans les années 1950. Ingénieur naval obstiné, Anders Franzén décide de retrouver le vaisseau oublié. Il sait bien que la Baltique conserve formidablement les épaves: le taret, un mollusque qui dévore le bois, est absent de ses eaux trop froides et peu salines.
Inlassablement, de sa barque il prospecte avec une sonde spéciale munie d'un emporte-pièce, quand, après des années de patience, il remonte d'une trentaine de mètres un morceau de chêne noirci.
Le scaphandrier Per Edvin Fälting plonge alors et communique avec Franzén par radio: "je ne vois rien, c'est tout noir mais je sens quelque chose de grand. Voila un sabord, et encore un. Il y en a deux rangées. Ce doit être le Vasa".
Mais comment le renflouer? Les idées les plus farfelues sont avancées: congeler le navire dans un bloc de glace, remorquer l'iceberg et le laisser fondre au soleil ou bien remplir le bateau de balles de ping-pong jusqu'à ce qu'il remonte à la surface!
Finalement il fut décidé de le hisser à l'aide de câbles sous la coque.
Mais creuser des galeries dans la vase pour les disposer sous le navire était une expédition à haut risque pour les scaphandriers. L'épave menaçait de s'effondrer.
"Nous étions des plongeurs militaires et nous avions reçu l'ordre de plonger", raconte Aake Lindquist qui avait 19 ans quand il est descendu avec la première équipe pour découvrir ce qui n'était alors "qu'un fantôme noir gisant par 32 de mètres de fond".
Le vaisseau est désormais exposé au Musée Vasa, musée maritime le plus visité du monde qui va enregistrer en 20 ans son 30 millionième visiteur à la fin du mois.
Mais si aujourd'hui la structure du navire est fatiguée, si le bois est menacé par la corrosion, Magnus Olofsson, chargé de sa préservation, juge que "ce n'est pas dramatique" et il espère que le Vasa tiendra encore mille ans!


Source LeParisien

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